À l’heure de la proclamation de l’enfant sujet et acteur à part entière, le projet éducatif et
social de l’école maternelle française reflète l’espoir politique mis sur les enfants.L’école veut
adapter l’enfant à la « forme scolaire » avant qu’il ait atteint l’âge de l’obligation scolaire. Il
continue ainsi à être considéré comme dépendant du projet de l’École et soumis à des attentes
de la part des diverses institutions.Cette thèse s’appuie sur des travaux des historiens de
l’éducation, sur des sources liées aux savoirs clinico-pratiques de la connaissance de l’enfant
et sur l’évolution de sa prise en compte dans l’histoire, sur des travaux des théoriciens de la
Sociologie de l’enfance et de l’Analyse Institutionnelle.Pour mettre en oeuvre
méthodologiquement ces conceptions et cadres théoriques, elle se situe dans une orientation
ethnographique, avec des entretiens individuels avec élèves et enseignantes, des dessins faits
par ces élèves lors des entretiens, ainsi que des observations faites dans quelques écoles
maternelles de Paris et de la banlieue parisienne.Du côté des enseignants, leur discours relate
une injonction paradoxale ressentie par certains sous forme de tension constante.La mise en
place de la forme scolaire en maternelle semble être plus tournée vers les compétences
scolaires et non vers la prise en compte singulière des enfants. Pourtant, on note que la vie des
enfants est organisée par une dialectique entre dépendance et indépendance relative.Assujettis
au pouvoir adulte, ils peuvent prendre le contrôle de la situation, agir, réagir.En dehors de
l’autonomie accordée par les adultes, ils conquièrent et créent leur espace d’autonomie à eux,
en fonction de leurs intérêts.