106.2 La biographie sociologique: Le cas des "filhos de criação"

Wednesday, August 1, 2012: 12:45 PM
Faculty of Economics, TBA
Oral Presentation
Priscila AZEVEDO , Social Sciences, Universidade Estadual de Campinas - UNICAMP, Campinas, Brazil
Issue d'une pratique commune jusqu'à la fin du XXe siècle, on trouve encore aujourd'hui à l'intérieur de quelques états brésiliens la catégorie "filho de criação"[1]: personne donnée, encore bébé ou très jeune par la famille biologique à une autre famille. Les familles qui accueillent ces enfants (rien n'est légalisé) les présentent comme leurs "enfants", en éliminant toute distinction par rapport aux enfants biologiques. Cependant, cet enfant est élevé dans le but d'assumer les tâches ménagères et le soin des parents adoptifs (jusqu'à leur mort), se privant d'école, de loisirs, de mariage, de travail formel ou de participer à tout autre contexte d'action que celui de la famille. Rien ne lui est explicitement imposé par la famille d'accueil ni perçu comme injuste par les filhos de criação qui, au contraire, affirment se sentir comme "des enfants de sang", comme "s'ils étaient de la famille" malgré le traitement inégale. Dans les villes de la “Zona da Mata” de l'état de Minas Gerais, Brésil, où l’ethnographie a été développée, la catégorie sociale "filho de criação" est considérée positivement comme une personne "bonne", "spéciale", "toujours prête à aider". A leur tour, les filhos de criação interviewés (la plupart des femmes agées de 20 et 82 ans, noires et  issues de la classe populaire) construisent leur identité selon le discours social et jouissent de la distinction évidente de ce status bienfaisant. A travers les biographies, cet article analyse les schémas domestiques et sociaux qui aboutissent au fort sentiment d'appartenance familiale et à la subordination involontaire des filhos de criação.


[1] Nous avons décidé de ne pas traduire la catégorie native  “filho de criação” parce que ce terme n’a pas d’équivalent en français étant donné l’abîme culturel qui sépare les deux réalités. Une approximation en français serait “enfant accueilli”, fils ou fille.