Saturday, August 4, 2012: 1:15 PM
Faculty of Economics, TBA
Oral Presentation
Habermas considère que la construction de l’espace public libéral a permis la distinction moderne entre le privé et le public. Ceci remonterait au processus de délibération engagé dans les salons de la classe bourgeoise européenne du 18e siècle (Habermas, 1962). Nancy Fraser estime que ce modèle libéral n’assure pas l’égale accessibilité de l’espace public. Elle identifie des groupes marginalisés et des publics concurrents. Ils représentent des contre-publics subalternes et sont en mesure de porter un discours critique revendiquant leurs identités et leurs intérêts (Fraser, 2001). Ces publics existent dès qu’il y a rencontre entre un public fort dominant et un public faible résistant (Idem.), même dans un contexte non libéral. Dans le monde arabe, si la séparation entre le privé et le public connaît une géométrie variable, l’espace public semble avoir longtemps marginalisé les groupes de femmes. Cela dit, bien que certains espaces soient profondément sexués, il n’est pas évident d’associer le paradigme binaire du public/privé à celui de masculin/féminin comme l’a conceptualisé Bourdieu (1979). Sonia Daya-Herzerbrun souligne que les femmes ont une position stratégique dans les pouvoirs locaux et que la confusion entre public et privé réside dans l’exhibition politique (Daya-Herzerbrun, 2001).
Dans le cadre de cette communication, nous questionnerons le rôle des femmes dans l’espace public. Nous choisissons comme cas de figure le féminisme islamique en tant qu’acteur politique qui traverse le privé et le public et adopte un discours sur les rapports de genre dans des termes politico-religieux. L’objectif est d’analyser comment et dans quelle mesure se construit le discours féministe islamique en tant que contre-public subalterne ? À partir des discours et d’actions d’associations de femmes au Maroc et en Égypte- qui s’inscrivent dans la démarche du féminisme islamique (Cooke, 2005), il s’agira de déterminer comment elles se positionnent dans l’arène discursive et face à l’État?