Il s’agira ici d'abord de retracer la progressive atomisation des collectifs de travail et d'analyser les impacts, pour les salariés, des successifs rachats et réorganisations de l’activité et des espaces de l’entreprise. La spécialisation des postes, l’intensification des cadences ou encore l’individualisation du contrôle, assorties d'une restriction croissante des espaces de sociabilité ouvrière en marge du travail ont ainsi abouti à l'affaiblissement des solidarités instituées.
Puis nous montrerons comment la fermeture a donné lieu à une recomposition des solidarités ouvrières, et à une mobilisation qui s'est en partie internationalisée. Celle-ci s'est caractérisée par une visibilité médiatique et politique et une longévité notables. La recomposition des solidarités autour d’un discours commun (préservation de l’outil de travail, lutte contre les « patrons-voyous » étrangers) peut expliquer en partie une réussite « médiatique » qui a également permis l’inscription dans un réseau d’entraide syndical interprofessionnel, national et international. Des lignes de fractures préexistantes ont ainsi en partie été surmontées dans et par la mobilisation. D'autres sont néanmoins apparues une fois la fermeture effective, dans l'expérience différenciée de la perte d'emploi.
Pendant la lutte contre la fermeture et dans les mobilisations collectives ayant survécu au départ de Molex, l'opposition entre le local et le global a traversé tant les discours publics que les pratiques militantes. L'analyse de ce jeu d'échelle constituera un dernier point.
Cette communication s'appuie sur une recherche socio-historique collective menée depuis janvier 2010. Elle pourra être présentée en français, en anglais ou en espagnol.