91.11
An Anarchist Squat in Northeastern Paris : A Futur Here and Now ?

Monday, 11 July 2016: 14:45
Location: Hörsaal 48 (Main Building)
Oral Presentation
Colin ROBINEAU, CARISM (Paris 2, Assas), France
Dans cette proposition de communication, nous porterons un regard sociologique sur une initiative populaire de mobilisation : un lieu où s’expérimentent pratiquement des formes alternatives de solidarités en opposition au néolibéralisme. Il s’agit d’un squat, ouvert en janvier 2013 dans le nord-est parisien par une vingtaine de militants anarchistes et marxistes, et au sein duquel nous avons réalisé une observation participante de deux ans. Ce lieu, à destination des habitants et travailleurs du quartier, a pour objectif de créer un espace de « solidarité de classe » en développant de nombreux ateliers d’entraides (repas à prix libre, cours de français gratuits, permanence pour les sans-papiers, bricolage, cinéclub). Il fonctionne de manière autogérée, les décisions se prennent collectivement lors des assemblées générales ouvertes au public.

Habité par des imaginaires passés et des horizons partagés, cet espace hétérotopique est en quelque sorte une utopie autoréalisée et territorialisée (Foucault, 2004). Mais c’est avant tout un espace du temps présent, générateur de relations autres et de pratiques alternatives. Les acteurs sociaux y développent, en résistance à l’ordre social, des modes d’expression politiques propres (autogestion) et renouent avec certaines formes de partage (troc, gratuité). Par les données tirées de notre ethnographie, nous tâcherons de montrer comment cet espace contribue à ouvrir le champ des possibles, sans jamais pouvoir complètement se détacher de la société et des normes dominantes.

Par une expérience concrète de rupture, ce squat d’activités interroge en effet l’idée d’émancipation selon deux registres. Le premier, celui des représentations et du langage, consisterait à saisir ce qui permet une critique ordinaire du monde social (ce qui suppose un processus de dénaturalisation des structures qui l’organisent et le divisent). Le second, celui de la praxis, s’attacherait aux conditions de possibilité et/ou d’impossibilité d’un ensemble de pratiques qui travaillent à l’émancipation individuelle et collective.