307.2
Converser Et Classifier : La Construction De L'autre Dans Les échanges Quotidiens

Sunday, 10 July 2016: 11:00
Location: Hörsaal 5A G (Neues Institutsgebäude (NIG))
Oral Presentation
Lisandre LABRECQUE, CRESPPA, Centre d'etudes sociologiques et politiques, France
Les conversations quotidiennes et leur contenu illustrent certains mécanismes par lesquels les classifications, les frontières et les descriptions de l’Autre sont maintenues et actualisées, notamment les connotations ordinaires du sexisme et du racisme. Ces limites et descriptions des figures de l’Autre telles que présentes dans les échanges quotidiens entre individus se sont transformées sous le joug de certaines transformations sociales récentes. Si les classifications se sont historiquement construites sur la base symbolique de grandes oppositions (normal/pathologique ; conforme/déviant ; nous/eux…), nous suivons l’hypothèse qu’aujourd’hui prédomine un régime de l’inclusion qui, par un appel à la moyenne, placent les phénomènes sur un continuum. Comment se jouent alors au quotidien les classifications profanes des rapports sociaux, des identités, des conduites et des inconduites individuelles ? Dans le cadre de nos recherches sur la normativité conversationnelle, nous nous intéressons à la construction de ces figures telle qu’étayée dans des récits de conversation. Cette méthode, selon laquelle un participant rencontre le chercheur pour relater les conversations quotidiennes auxquels il a pris part au cours d’une période de temps donnée, permet d’avoir accès à la mise en récit des échanges et à leur ancrage dans des univers de signification situés et subjectifs. Ces récits d’interaction nous indiquent un certain nombre de sujets de conversation (de quoi parle-t-on ?), mais également quelques grandes opérations utilisées dans les échanges au quotidien : partager, raconter, définir, expliquer, valoriser, dévaloriser. Comment se construit la figure de l’Autre et ses déclinaisons dans ces récits de conversations? Comment se développent, au sein des échanges, les classifications de la «normalité» et de l’«anormalité» ? Et inversement, quel rôle ont les conversations dans les processus de classification?