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La Lutte Contre Les Violences De Genre En Espagne: à Dix Ans De La Loi Organique 1/2004, Quel Bilan ?

Tuesday, 12 July 2016: 15:00
Location: Seminarsaal 20 (Juridicum)
Oral Presentation
Glòria VILA, University of Lausanne, Switzerland
Depuis une dizaine d’années, l’Espagne a une des législations les plus avancées en matière de violences masculines contre les femmes, avec la Loi Organique 1/2004 de mesures de protection intégrale contre la violence de genre. Elle est considéré comme pionnière en Europe dans la lutte contre ces violences (Lombardo et Bustelo, 2009). La loi espagnole aborde le sujet des violences de genre de manière intégrale, transversale et multidisciplinaire, elle s’apparente le plus de la législation internationale. Elle est « la plus proche de l’Union Europeenne concernant la manière d’encadrer le problème de la violence comme un problème de l’inegalité de genre » (Bustelo et Lombardo, 2006). Plusieurs textes internationaux affirment que cette législation est un modèle à suivre (Nations Unies, 2010; ONU-Femmes, 2011). D’autres lois, comme la Loi catalane 5/2008, du 24 avril, sur le droit des femmes à éradiquer la violence machiste, ont renforcé le cadre juridique espagnol.

La promulgation de ces lois spécifiques d’inspiration féministe a été l’aboutissement de décennies de travail des associations d’accompagnement des victimes et du mouvement féministe. Mais, quels sont les résultats de ces lois après une décennie de leur promulgation ? Nous faisons le constat que ce cadre juridique a été ralenti par des multiples obstacles. Parmi ceux-ci: les difficultés multiples d’application (Bodelón (dir), 2012), la forte diminution de ressources investies dans le cadre des politiques d’austérité ; et les contradictions avec d’autres cadres légaux, comme le droit de la famille, avec des mesures, comme la garde partagée, qui se présentent neutres en matière de législation civile mais « qui ignorent ou minimisent les implications des violences envers les femmes » (Bodelón, 2012).

Cette communication pensera ces obstacles et la manière de les dépasser, en lien avec les demandes du mouvement féministe espagnol, qui continue à être mobilisé contre les violences de genre.