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Les inégalités De Diplôme Lors De L'embauche Chez Les Ouvriers De L'industrie Automobile En Perspective Comparée (Argentine, France, Brésil)

Wednesday, 13 July 2016: 14:30
Location: Hörsaal III (Neues Institutsgebäude (NIG))
Oral Presentation
Ariel SEVILLA, Universite de Reims, France
Le discours des directions d’entreprise sur l’embauche de leur main d’œuvre s’inscrit dans les attendus de la théorie du capital humain : le changement technologique demande des compétences nouvelles – associées à un travail plus intellectuel – que les travailleurs doivent acquérir par un investissement en formation.

L’explication par l’économie est souvent avancée. C’est vrai que les salaires sont plus faibles dans les pays « émergents » et que l’entreprise peut y acheter des compétences plus élevées et obtenir une productivité accrue relativement à une main d’œuvre faiblement qualifiée. C’est aussi vrai que les investissements capitalistiques sont plus forts dans les usines des pays « développés », caractérisées par la robotisation des ateliers ; alors que le travail reste largement manuel dans les usines des pays « émergents ».

Cependant, lorsque l’on regarde de près ces situations, ces points de vue surplombants ne sont pas convaincants.

Le travail de terrain par observation participante - dix huit mois dans trois ateliers de tôlerie du même constructeur automobile dans une filiale en France, en Argentine et au Brésil - montre deux situations contrastées et inattendues. D’une part, là où les investissements technologiques sont forts et les mutations du travail accentuées, les ouvriers sont les moins qualifiés, c’est à dire en France. D’autre part, là où le process de travail est resté manuel (les deux usines sud américaines) les ouvriers sont très qualifiés car entre un tiers et la moitié détient un diplôme équivalent au bac français.

Comment comprendre que pour la même activité l’entreprise embauche des ouvriers avec des niveaux de diplôme si différents ?

Les raisons du phénomène reposent sur les configurations (Elias) qui articulent les caractéristiques sociales de la main d’œuvre avec les systèmes d’assurance chômage, de sécurité sociale et avec l’inégale valorisation du travail salarié au sud et au nord.