De La ‘Désislamisation’ Des Islamistes Algériens
Comment l’Exercice Du Pouvoir a Poussé Le MSP à Se Séculariser ?
De La ‘Désislamisation’ Des Islamistes Algériens
Comment l’Exercice Du Pouvoir a Poussé Le MSP à Se Séculariser ?
Friday, 11 July 2025: 00:00
Location: ASJE018 (Annex of the Faculty of Legal, Economic, and Social Sciences)
Oral Presentation
Notre communication entend montrer comment la participation aux différentes coalitions gouvernementales et la pratique du pouvoir ont poussé les islamistes algériens du Mouvement de la société pour la paix (MSP) a été le point de départ d’un processus de sécularisation. Comment ce changement qui s’étale sur près de cinq décennies s’est-il opéré ? Pour y répondre, nous ambitionnons de rendre compte des transformations idéologiques et programmatiques profondes de ce parti. Nous défendons l’idée selon laquelle la sécularisation politique est moins le résultat d’un changement propre au parti que de contingences politiques externes. En d’autres termes, la participation au pouvoir a incité le MSP à « diluer » la dimension religieuse de son idéologie et de son programme pour intégrer les instances du pouvoir et s’y maintenir. Les impératifs liés à la conservation du pouvoir ont contraint le parti à créer des alliances avec des organisations partisanes non islamistes et à faire des concessions qui ont modifié ses idéaux de départ, accentuant de facto le processus de sécularisation. C’est pourquoi, la religion musulmane n’est plus pensée comme une norme qu’il faudrait imposer à la population, mais plutôt comme une valeur à partir de laquelle les responsables du MSP devraient retraduire une partie de leurs programmes et discours. L’Islam n’est plus conçu comme un système politico-religieux : les militants et cadres du MSP n’appellent plus à la création d’un État et d’une société islamiques, mais ils voient désormais en l’islam une éthique pouvant inspirer la philosophie du parti. Le processus « d’éthisation » de l’Islam mis en avant par les islamistes se manifeste par exemple dans leur volonté de moraliser la vie politique et de lutter contre la corruption. Les références à l’islam sont essentiellement éthiques et philosophiques.