De La Conceptualisation Scientifique à La Justification Politique : La Construction Collective Des Catégories Des Migrants Climatiques

La contribution traite de la co-production de catégories alternatives, encore instables, destinées à désigner les personnes quittant leur résidence à la suite du réchauffement climatique, en contexte parlementaire. Ces personnes sont désignées par les termes de migrants climatiques, de réfugiés climatiques (et quelques autres).

Le phénomène souligné par Peter Haas, de connexion entre les porteurs d'expertises et les fabricants des politiques publiques, suscite une attention particulière pour étudier ces productions au sein d’assemblées parlementaires européenne, méditerranéenne et africaine. Il incite à examiner les connexions temporaires entre, d’une part, les réseaux de fabrication des faits scientifiques, qui sont les communautés épistémiques scientifiques, et dont les membres sont engagés dans des pratiques langagières partagées ; et d’autre part, les communautés épistémiques politiques, où les participants partagent également des pratiques langagières, mais qui sont bien plus publicisées que celles des scientifiques. Ce raccordement peut prendre différentes formes pratiques plus ou moins observables, si ce n’est forcément secrètes, du moins difficilement ou non accessibles à l’observation, les controverses publiques et les débats des corps délibératifs présentent des avantages évidents, d’ordre phénoménologique et méthodologique.

A travers l’Analyse de la conversation et l’analyse des catégorisations d’appartenance théorisées par Sacks, et ultérieurement élargie par des auteurs tels que Lena Jayyusi et Stephen Hester, offrant un cadre de traitement des catégories de l’identité dans une perspective sensible au contexte dans lequel elles sont formulées, nous procéderons à l’examen des procédures applicables et utilisables par les acteurs concernés. Cette approche offre un cadre pertinent pour analyser les collections de catégories qui structurent le raisonnement ordinaire des acteurs en générant des attentes normatives, des droits et des obligations spécifiques. Loin d'être de simples étiquettes, ces catégories incarnent les méthodes par lesquelles les membres organisent leurs savoirs, croyances et relations morales autour d'un objet ou d'un enjeu donné.