Defending Whiteness in a Postcolonial Context: Voting for the Far Right Among French Residents in Morocco during the 2024 Legislative Elections

Les dynamiques de montée de l’extrême droite s'observent au niveau mondial comme en Europe. S. Larcher a examiné cette « tentation du fascisme » (2022) à travers le « succès » de M. Le Pen aux Antilles lors des présidentielles de 2022. La coloration populaire du vote d’extrême droite en France a largement été étudiée, ainsi que sa la dimension raciale (Faury, 2024). Cependant, qu’en est-il des significations de ce vote dans un contexte postcolonial ? Etienne Smith (2019) a évoqué la notion d’« héliofrontisme » pour décrire cette orientation électorale des retraités français en faveur Front National au Maroc et au Sénégal. Cependant, il n’existe pas d’études approfondies sur les subjectivités politiques et raciales de ce vote dans ces contextes.

Dans cette communication, je me penche sur les paradoxes du vote des expatriés français au Maroc, en particulier celui des retraités, qu’on pourrait appeler des migrants blancs. Leur vote en faveur du Rassemblement National revêt une dimension raciale ici, car il s’oppose aux populations minorisées et à l’immigration. Mon hypothèse est que ce vote, qui se veut « normal», participe en réalité à la défense d’une identité blanche (white identity) perçue comme menacée, mais qui permet à ces migrants blancs, confortablement installés, de préserver des privilèges dans le contexte marocain.

Cette communication s’appuie sur une étude en cours, débutée à l’été 2024, dans une ville du sud-ouest marocain, où un bureau de vote a enregistré des scores élevés en faveur de l’extrême droite lors des dernières élections législatives de 2024. Elle s’appuie essentiellement sur des données qualitatives, quelques entretiens et des observations. La recherche étant encore à ses débuts, je proposerais des pistes de recherche plutôt que des résultats consolidés. Ce faisant, cette communication dialogue avec l’axe « Narratives and rhetoric used by far-right to gain mainstream acceptance ».