Des Entrepreneurs Turcs En Ethiopie : Une Sociologie Des Acteurs De La Relation Turco-Éthiopienne

En deux décennies, les relations entre l’Ethiopie et la Turquie se sont renforcées. Ce rapprochement réside dans une convergence d’intérêts croissante au niveau des Etats depuis le début des années 2000: afin de développer ses capacités industrielles, l’Etat éthiopien cherche à attirer des investissements directs étrangers (IDE) tandis que l’Etat turc souhaite ouvrir de nouveaux marchés à son tissu d’entreprises en plein décollage. Encouragés par la mise en place en Turquie d’un plan d’ouverture à l’Afrique, de nombreuses entreprises turques se sont implantées sur le continent. En Ethiopie, elles ont profité d’un ambitieux programme de développement de parcs industriels (PI) et de zones économiques spéciales (ZES) où elles ont pu implanter leurs usines, notamment dans le secteur du textile, et distribuent leurs marchandises sur les marchés mondiaux.

Cette recherche est originale dans la mesure où elle s’intéresse à la construction des relations turco-éthiopiennes à partir d’une analyse d’acteurs. Plus spécifiquement, elle étudie les entrepreneurs turcs qui s’établissent en Ethiopie ainsi qu’aux relations qu’ils construisent et entretiennent. D’abord, il s’agit de reconstituer les parcours transnationaux des entrepreneurs entre la Turquie et l’Ethiopie afin de comprendre comment l’Ethiopie est devenue une destination d’opportunités. Ces entrepreneurs bénéficient de réseaux, où acteurs privés et publics interagissent, soutenus par l’Etat turc, pour favoriser l’investissement et l’ouverture d’usines et que cette recherche propose d’analyser.

Cette analyse d’acteurs s’intéresse également aux rapports sociaux au sein d'entreprises du textile, entre Turcs et Ethiopiens, ainsi que dans d’autres lieux de socialisation afin d’envisager la construction de la relation turco-éthiopienne.

Cette sociologie des acteurs permettra enfin d’observer les jeux de pouvoirs à l’œuvre entre Turcs et Ethiopiens dans ces activités économiques et d’ouvrir une discussion critique du discours sur les approches « gagnant-gagnant » mises en avant dans les modèles de collaboration dits des « Suds ».