Mineurs Confiés, Mineurs Non Accompagnés : Regard Ethnographique Sur Des Trajectoires Migratoires Juvéniles à Mayotte

Tuesday, 8 July 2025
Location: FSE006 (Faculty of Education Sciences (FSE))
Distributed Paper
Alison MORANO, Institut des Mondes Africains, Mayotte
Au cours de la dernière décennie, les enfants et adolescents migrants ont cessé d’être des figures secondaires, subordonnées à celles de parents, pour assumer un rôle de premier plan au sein des mobilités insulaires. À Mayotte, trois formes principales de migration juvénile cohabitent : le confiage à un tiers, les migrations d’accompagnement/de regroupement familial, et l’exil pour les demandeurs d’asile. Si les références produites dans le champ des migrations internationales et transnationales sont foisonnantes, d’un point de vue local, un relatif vide documentaire s’observe. Cette communication propose d’examiner la figure des mineurs non accompagnés (MNA) et/ou confiés à des tiers à Mayotte en s’intéressant à leur agency, leur capacité d’agir sur le monde, même lorsque celle-ci n’est pas acceptée ou reconnue par les adultes. Nous questionnerons l’articulation entre vulnérabilité et agentivité, qui apparaissent comme les deux facettes d’une même pièce : cette complémentarité dessine les contours d’un groupe vulnérabilisé par sa situation familiale et d’insécurité sociale et affective, mais qui, en réponse à ces événements, se saisit de son expérience pour se positionner en tant qu’acteur du parcours migratoire.

En nous appuyant sur des recherches menées à Mayotte depuis 2015 auprès d’enfants et d’adolescents comoriens et africains du continent, nous verrons qu’au sein de cette catégorie des mineurs migrants, deux sous-profils émergent : les volontaires et les non-volontaires, avec une variable d’âge déterminante car les premiers sont plus âgés que les seconds. À l’adolescence, certains choisissent (ou sont contraints) de quitter leur pays, parfois avec l’aide de leur famille, et se positionnent comme « enfants acteurs », au sens définit par Julie Delalande : « Un enfant est acteur quand un adulte (citoyen et/ou chercheur) reconnaît sa capacité d’agir, l’autorise à exercer sa puissance d’agir sur son environnement » (2014 : 2).