Il Était Une Fois l’Algérie: Les Contributions De Germaine Tillion à l’Ethnographie Méditerranéenne
C’est le cas de Germaine Tillion (1907-2008). En octobre 1934, cette élève de Mauss, âgée de 27 ans, embarque pour l’Algérie. Jusqu’en 1940, elle effectue quatre long terrains chez Chaouïas des Aurès, a quatorze heures de cheval du premier centre urbain. Après son arrestation en France en 1942, conséquence de son engagement dans la Résistance, et après des années éprouvantes, d’abord en prison puis au camp de concentration de Ravensbrück, elle revient en Algérie au lendemain du soulèvement de 1954 en mission officielle. À partir de 1958, elle anime une équipe de recherche sur les sociétés maghrébines à l’EPHE.
Outre le fait de constituer un témoignage d’une société en voie de changement dans un climat extrêmement crispé, les recherches de Tillion en Algérie sont les pionnières de l’ethnographie méditerranéenne. En mettant en pratique l’enseignement de Mauss, elle aborde les faits par leur « totalité » et traite de sujets tels que la « clochardisation » du peuple algérien, le système de parenté, les règles matrimoniales et la condition féminine. Son approche comparative, marquée par une attention méticuleuse aux détails, sa sensibilité à la diversité et sa prise en compte du contexte politique, en font une figure incontournable de l’histoire de l’anthropologie. L’objectif de cette intervention est de mettre en valeur les contributions méthodologiques et théoriques des recherches de Germaine Tillion au développement de l’ethnographie, voire de l’anthropologie méditerranéenne.