De Nomade à Entrepreneur : Le Développement Et l’Encadrement d’Un Tourisme De Masse Par Les Aït Khebbach Dans La Sahara Marocain.

Tuesday, 8 July 2025: 16:30
Location: SJES029 (Faculty of Legal, Economic, and Social Sciences (JES))
Oral Presentation
David MIRA, Université Paris Cité, France
Merzouga se situe dans le Sahara du Sud-Est du Maroc et vit principalement du tourisme. Les habitants du village sont majoritairement des nomades amazighophones du groupe tribal des Aït Khebbach, qui se sont sédentarisés près de l’Erg Chebbi en raison de l’agriculture oasienne à partir des années 1930. Depuis les années 1980, les dunes de sable (d’une taille de 24 x 8km) attirent un nombre croissant de voyageurs. En conséquence, les habitants élaborent de plus en plus d’activités touristiques (des bains de sable, des activités de quad et de 4x4, des balades en chameau, des randonnées, des séances de yoga, etc.). L’arrivée des touristes a déclenché un processus de mise en valeur de l’environnement (le paysage désertique), du patrimoine immatériel et matériel (amazigh et nomade) et a entraîné une amélioration de la qualité de vie des habitants (développement économique, accès à l’éducation scolaire, accès aux services médicaux).

Depuis les années 2016, une explosion du tourisme que l’on pourrait qualifier « de masse », laisse des traces à Merzouga. Même s’il est impossible de chiffer le nombre de touristes, leur influence se fait sentir dans la transformation des lieux : à côté des nombreuses structures et de la présence visible de visiteurs à Merzouga, ainsi que d’une ambiance lumineuse et bruyante, le village se retrouve engagé dans un processus d’urbanisation. La zone de l’Erg Chebbi est entourée par des bivouacs sur un côté des dunes (environ 150) et par des hôtels de l’autre (environ 100), où se situent plusieurs villages, dont Merzouga. Une émergence des structures de luxe avec des piscines, de la haute cuisine, des systèmes de climatisation et de chauffage attire une clientèle plus aisée. À travers des données ethnographiques recueillies pendant deux ans chez les habitants de Merzouga, il s’agisse d’examiner les effets sociaux d’un tel développement.