Procès De La Vérité Et Politique Du Post-Espoir En Afrique Centrale.
Mais, alors que chaque pays ménageait à sa façon la mouture de son indépendance, l’on s’étonna de constater que, simultanément et progressivement, l’ère que l’on avait chargée d’une série d’espoirs n’était pas si différente du passé. Une anecdote raconte que, fatiguée par cette situation, une vieille dame aurait naïvement interpellé les autorités publiques en ces termes : « je demande hein, quand prendront fin les indépendances ? ». Cette interrogation exprime une désillusion, mais elle montre aussi à quel point dès le début des indépendances, l’espoir investi en elles avait commencé à s’étioler. Ce sentiment est encore accentué aujourd’hui dans tous les domaines et à l’égard de nombreuses couches élitaires sur le continent qui sont en permanence l’objet d’un procès de vérité car accusés d’intentions malicieuses, d’égotisme, d’égoïsme, d’enrichissement illicite, etc.
En prenant le cas des pays d’Afrique centrale, je voudrais discuter les contours de ce que j’appelle le « post-espoir », que je n’entends pas comme une ère nouvelle, mais bien une « situation » au sens de Georges Balandier. Après cette discussion conceptuelle, je montrerai les effets concrets du « post-espoir » et la manière dont, malgré tout, l’on y fait société.