L’Expression De La Religiosité Musulmane En Contexte Militant. Essai d’Analyse Structurale
Dans cette perspective, j’envisage de soumettre aux échanges les résultats de l’analyse structurale, opérée à la manière de Hiernaux (1977, 1995), sur l’expression de la religiosité musulmane de militants orthodoxes marxistes-léninistes.
Dans le cadre de ma recherche doctorale, j’ai en effet récolté des récits de vie de militants marxistes de confession musulmane en Belgique et en France. D’une classification relativement classique des matériaux (Sn.i, séquences ; An.i, actants ; Pn.i, arguments) émergea une double représentation des données qui deviendra le support de l’analyse. D’une part, des cartes cognitives ont été élaborées afin de représenter les trajectoires militantes (Sn.i, An.i) et d’autre part, l’analyse structurale de contenu a été appliquée afin de faciliter le commentaire des croyances, des jugements de valeur, des représentations tenues pour vrai, etc., constituant les classes d’arguments (Pn.i). Concernant cette seconde analyse, si le religieux se laisse encore appréhender par les binarités structurantes du sacré/profane, de la valeur/réalité, du bien/mal ou du prescrit/proscrit, la religiosité est quant à elle l’expression dynamique de binarités directement liées aux contextes socialisateurs. Sur mon terrain, elles se manifestaient de la manière suivante : désengagement/engagement, bourgeois/populaire, culture/politique, adapté/résistant, valeur/pratique, etc. Par conséquent, si les hiérophanies sont des manifestations du sacré dans l’espace profane (Eliade, 1965), le programme de recherche structuraliste tend à étayer le caractère fondamentalement social de la représentation, de l’appropriation et de la transmission des hiérophanies et la position centrale de la sociologie et de l’anthropologie dans la compréhension de ces processus.