« L’Hyperactivité Des Filles, Entre Anomalie Et Normativité » Discours Et Pratiques De Médecins Autour Du TDAH Au Chili.

Cette contribution a pour objectif de montrer comment la dimension de genre traverse les discours et les pratiques des médecins à l’égard d’un groupe qui ne correspond pas à la représentation commune du trouble de déficit de l’attention et de l’hyperactivité (TDAH) : les filles hyperactives. En effet, globalement, davantage de garçons que de filles sont diagnostiqués avec un TDAH. Cependant, au Chili, la prévalence chez les filles est aussi élevée que chez les garçons, en particulier à l’adolescence. Basé sur des entretiens avec des médecins de différentes spécialités et perspectives cliniques, exerçant dans divers contextes de soins au Chili, cette communication propose l’analyse en profondeur de deux cas rapportés par deux médecins. Elle montre comment les représentations genrées, variant selon les âges et les milieux sociaux, modèlent les attentes, les diagnostics, les interactions et les prises en charge des patientes. La façon dont sont perçues et soignées les « filles avec TDAH » dépend de la perspective clinique du médecin, de son lieu d’exercice, de sa propre position sociale mais aussi du cadre normatif de la santé mentale au Chili. L’analyse des cas met au jour le double mouvement à l’œuvre dans l’approche du TDAH des filles : normaliser ce qui apparaît comme atypique par rapport au masculin et simultanément rendre typique et pathologiser un type de TDAH féminin différencié selon la classe sociale.