"We've Just Added Another Plate to the Table" Economic Issues of Housing in the Private Hospitality for Refugees. the Case of Auvergne-Rhône Alpes.

L’hospitalité privée à destination des exilé.es est souvent présentée par les personnes membres des associations d’hébergement comme solidaire ou gratuite : il s’agirait simplement de « rajouter une assiette à table ». L’analyse des enjeux économiques aux échelles macro, méso et micro-géographique révèle en revanche les nombreux enjeux économiques qui traversent ces pratiques.

La communication s’appuiera sur une enquête qualitative de 6 années, constituée d’observations participantes et de la collecte de 60 entretiens, menés par l’autrice auprès de personnes hébergeuses ou partie-prenante d’associations d’hébergement, et d'exilé.es hébergé.es. Les six associations enquêtées se situent en milieu rural et de petites villes de deux départements de la région Auvergne-Rhône-Alpes, et constituent deux terrains d’enquête. Il est proposé deux échelles analytiques.

1. L’analyse de ces enjeux économiques liés au logement fait d’abord ressortir trois faits majeurs attestant que les enjeux de marché sont essentiels dans l’hospitalité privée : premièrement, l’offre de chambres et de logements est directement affectée par les tensions sur le marché du logement, qui contribuent à la restreindre. Deuxièmement, des acteurs économiques majeurs ont développé leur intervention dans le champ de l’hospitalité privée, et contribuent à transformer ses modalités, notamment en favorisant son externalisation en dehors des logements des ménages et en connectant l’offre au marché locatif ordinaire. Enfin, le milieu associatif tend à inventer de nouveaux circuits de financements, produisant de nouvelles formes d’hospitalité privée, dessinant un marché du logement parallèle.
2. A l’échelle domestique également, l’hospitalité privée est traversée d’enjeux économiques. Premièrement, parce que le quotidien de l’hospitalité fait l’objet de mécanismes de dons et de contre-dons entre les hôtes. Deuxièmement, parce que les échanges monétaires sont un enjeu récurrent au sein des espaces domestiques et s’interpénètrent avec les enjeux de domination liés à la situation d’hébergement, redoublée d’une différenciation de statut entre exilé.es et hébergeur.euses.