La Mise En Récit De La Violence De Genre Dans Les Organisations Islamistes à Partir De La Mini-Série Suédoise "Khalifa"

Endoctrinement, fanatisme religieux, taqîya et cauchemar des femmes tenues captives par Daesh, tels sont les faits qu’expose dans un réalisme glaçant la minisérie « Kalifat ». Ce coup de maitre du suédois Wilhelm Behrman, diffusé à partir de janvier 2020, sur Sveriges Television, puis sur Netflix quelques mois plus tard, raconte le quotidien de trois jeunes femmes issues de l’immigration et dont les destins se rencontrent. Cette série déplace et élargit les cadres d’explication habituels de la violence djihadiste. « Kalifat » propose un récit à la fois captivant et troublant, tant il transporte le téléspectateur dans les bas-fonds de l’islam intégriste. L’intrigue dévoile le cauchemar vécu par des centaines de jeunes européens, notamment des femmes, qui chaque année, fuient leurs familles pour rejoindre Raqqa, fief de l’État Islamique en Syrie. A travers cet article, nous mettons en orbite la représentation cinématographique de la violence envers les femmes engluées dans la réalité ténébreuse de Daesh. Nous montrons que le réalisateur donne vie à une vérité qui, au bout du compte, fait sens avec les postures politiques et militantes clamant la vacuité de l’islam rigoriste et fondamentaliste. L’empathie, la colère et la tristesse constituent les principales émotions qui se dégagent à l’écoute de la série. Le téléspectateur n’en sort pas indemne, car, les scénarios sont ficelés avec une extrême cohérence de façon à dissiper l’écart entre réalité et fiction. Nous portons également un regard critique sur le récit de manière générale, qui rend peu visible le rôle pourtant crucial des femmes comme actrices majeures au sein des organisations islamistes.