272.5
Confrontation Et Associations De Discours Dans Les Processus Organisationnels

Thursday, 19 July 2018: 11:30
Location: 713A (MTCC SOUTH BUILDING)
Oral Presentation
Benoit CORDELIER, Université du Québec à Montréal (UQAM), Canada
Foucault (1969) a établit les bases d’une approche discursive du pouvoir en expliquant que ce dernier s’appuie sur des règles d’énonciation historiquement construites. Elles définissent qui a le droit de parler, ce qui peut être dit et comment le dire. Plus encore, ces règles précisent comment les énoncés peuvent être combinés stratégiquement pour s’imposer. Elles n’ont pourtant pas une existence indépendante puisqu’elles sont intégrées dans les formes mêmes du discours. Saussure (1908) déjà, quoique sur un plan linguistique, expliquait que pour être cohérents les énoncés devaient s’inscrire à la fois dans un registre paradigmatique (où l’analogie des signifiés délimite le champ qui est évoqué) et syntagmatique (qui porte sur les séquences et combinaisons possibles). Ces éléments permettent la production du sens de l’énoncé.

Pourtant dans les organisations, des discours peuvent à la fois converger et s'opposer en prenant racine dans des valeurs, des idéologies ou, plus simplement, des principes différents (que nous associons à la dimension paradigmatique). Après tout, l’entente sur le sens donné peut être locale grâce à l’opération d’un signifiant flottant (Hall, 1985, 1997 ; Lévi- Strauss, 1949) qui permet de passer d’un caractère universel à une autre plus local ou particulier (Laclau, 2005 ; Lowrie, 2007 ; Mumby, 2016) à travers une logique d’équivalence et différence (Laclau et Mouffe, 1985).

Si au niveau de la société, la notion d’hégémonie sert à établir la domination d’un groupe sur un autre à travers une idéologie générale. Sur le plan local, organisationnel, les relations de pouvoir peuvent être renversées. Nous postulons que cela se joue dans la connexion d’énoncés syntagmatiques relevant de paradigmes différents. Celle-ci est rendue possible par l’investissement du signifiant flottant dont l’ambiguïté permet le maintien des échanges organisationnels. Nous illustrerons cette proposition par des exemples relevant de milieux organisationnels différents (établissement industriel, organisation de santé, institution d’éducation).