Les Identités Collectives Dans Un Contexte De Répression : Les Effets Des Sentiments

Au cours du printemps 2015, une mobilisation autour de luttes contre l'austérité et une autre contre les hydrocarbures a tenté de faire front commun en liant luttes syndicales, étudiantes et environnementalistes au Québec. Rétrospectivement, les militant.es soutiennent que leur échec est marqué par les limites personnelles de leurs actions, par l'angoisse et l'épuisement. Le discours autour de ces évènements porte le poids de la militarisation de la police (Woods, 2015) et de la « proxy repression » de la direction de l’Université du Québec à Montréal, où avait lieu une part importante de la mobilisation (Chicoine, à paraître), de la stigmatisation médiatique et de la non-reconnaissance des groupes considérés initialement comme alliés. Pour sortir de l'échec, on constate une renégociation de l'identité du mouvement (Polletta et Jasper, 2001) entre groupes plus formels et les groupes affinitaires, notamment autour de la notion d’autonomie. De quelle manière cet évènement a-t-il marqué l'identité du mouvement antiautoritaire montréalais? Quel lien peut-on faire entre le contexte et l'intériorisation des violences à travers des émotions vécues?

Cette présentation examinera comment les effets de l'épuisement et d'autres sentiments négatifs peuvent avoir des effets structurants sur l'identité collective d'un mouvement dans un contexte de répression. En s’appuyant sur une analyse interactionniste et la notion d'identité collective, nous tenterons de comprendre comment les acteur.rices surmontent ces évènements et l'expérience négative de ceux-ci tout en continuant à militer.

Les données utilisées pour cette recherche découlent d'entrevues semi-dirigées ainsi que d'une recension des évènements militants entre 2015 et 2017. Cette recension se base notamment sur les ateliers du salon du livre anarchiste et les sites web d'information liés aux groupes mobilisés durant le printemps 2015