La Participation Dans Les Réseaux Publics De Santé Et De Services Sociaux Pour Quel Projet De Démocratisation?

Contre une vision strictement scientifique ou bureaucratique de la recherche et de l’organisation publique des services sociaux et de santé qui amène son lot de division du travail, et du pouvoir décisionnel, de plus en plus de chercheurs, de gestionnaires, de professionnels et de destinataires de services proposent une vision participative de l’organisation. La participation au sein d’espaces institués par la recherche ou par l’organisation de services permet de partager des savoirs et des affects. Elle ouvre des espaces de communication pouvant mener à l’expérimentation d’autres rapports à autrui ainsi que vers la construction d’un projet de démocratisation plus large. Par elles, les individus ont la possibilité de vivre des expériences révélant les tensions et les limites inhérentes à la hiérarchie de l’organisation. Dans les réseaux publics de santé et de services sociaux, c’est peut-être l’impossibilité de confronter de telles limites qui conduit à une instrumentalisation de l’idée de participation au sein de la recherche et de l’organisation des services, la réduisant, du même coup, à l’idée de consensus en petits groupes. Une telle instrumentalisation contribue à occulter les tensions inhérentes aux inégalités sociales ainsi qu’aux différences de pouvoirs, d’intérêts et de points de vue entre les individus de l’organisation. Comment en sommes-nous arrivés là? Quel éclairage la sociologie clinique peut-elle offrir aux individus qui cherchent tant bien que mal à « faire participer » ? Qu’est-ce que cette sociologie a à gagner ou à perdre avec le « virage participatif » ? Par un survol historique de ladite sociologie clinique, je cherche à saisir si, et si oui comment, ce champ permet de problématiser la « participation » vers une distribution du pouvoir au sein de la recherche et de l’organisation des services.