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Le Droit Comme « Agent Thérapeutique »? Judiciarisation Et Psychiatrisation Des Problèmes Sociaux
À partir d’exemples tirés de nos recherches en santé mentale et en déficience intellectuelle, nous montrerons comment les notions mobilisées dans l’interface sont établies selon une logique binaire (dangereux ou pas, apte/inapte) qui excluent la complexité des réalités cliniques. Elles sont considérées par les cliniciens comme difficilement opérationnelles et aucun consensus n’existe dans la communauté scientifique sur les méthodes d’évaluation. Elles sont pourtant mobilisées de façon récurrente pour gérer les problèmes sociaux et produisent leurs effets.
De même, toujours à partir de nos recherches, nous discuterons des enjeux méthodologiques alors qu’une pluralité de professionnels aux formations diverses produisent des évaluations dont la cour ne peut apprécier les fondements scientifiques.
Nous conclurons en discutant de la remise en cause de l’interface droit-clinique par les tenants du mouvement de la jurisprudence thérapeutique. L’incapacité des tribunaux de répondre aux besoins de certains groupes sociaux ainsi que la volonté des juristes de contribuer au changement social se transpose dans la mise en place et la multiplication des dispositifs d’adaptation judiciaire avec l’ambition explicite de faire du droit un agent thérapeutique.