552.6
Une Zone Grise Du Travail Dans Les Chaînes De Valeur : Le Poids De l’Action Publique Dans La Précarisation Des Travailleurs Migrants Temporaires Au Canada.

Friday, 20 July 2018: 09:45
Location: 711 (MTCC SOUTH BUILDING)
Oral Presentation
Sid Ahmed SOUSSI, Université du Québec à Montréal, Canada
Le recours accéléré au travail migrant temporaire dans les différents secteurs d’activités s’impose comme une tendance lourde. Il contribue à la transformation concomitante des relations du travail et de la structure de l’emploi dans les secteurs concernés. Ce processus s’observe à l’échelle de deux composantes constitutives du marché de l’emploi: la chaîne de valeur et les entreprises-maillons qui en encadrent les activités. Cette communication livre les résultats d’une recherche consacrée aux impacts du travail migrant temporaire sur la reconfiguration de l’emploi et mobilise deux niveaux d’analyse. Le premier est celui des entreprises en tant qu’espaces du travail juridiquement autonomes en termes de relations d’emploi et de la chaîne de valeur en tant que procès incorporant divers modes d’organisation du travail dans ces espaces. Le deuxième niveau examine les effets conjugués 1) de la dynamique du marché de l’emploi générée par les chaînes de valeur et les contingences de leurs secteurs d’activité (agro-industrie, hôtellerie/restauration; etc.) dans un contexte subordonné à l’offre et la demande ; 2) des politiques publiques du travail migrant temporaire mises en œuvre. Constats : l’accélération du processus de reconfiguration de l’emploi ne doit pas sa dynamique à la seule «logique du marché» -ni aux seules stratégies des entreprises- mais au concours déterminant de l’action publique via un rôle ambivalent de l’État. Cette étude montre comment l’action publique encadrant la logistique juridico-administrative du travail migrant temporaire joue un rôle déterminant non seulement dans ce processus affectant des espaces du travail de plus en plus nombreux, mais aussi dans la fragilisation des statuts d’emploi et des droits sociaux des travailleurs migrants temporaires dans un contexte où l’action publique et sa dimension politique se conjuguent avec les stratégies des entreprises pour exercer des rapports de domination excluant toute possibilité d’accès aux droits sociaux du travail les plus élémentaires.