La question de la sécurité est devenue en Europe Occidentale, et spécialement en France, un thème récurrent qui domine le débat politique. Elle est aussi un enjeu des politiques urbaines en se cristallisant autour de ce que l’on appelle « le problème des banlieues », ou «des quartiers sensibles » dont les habitants, surtout les jeunes, sont souvent accusés d’être les principaux responsables des désordres qui menacent l’ordre social.
On proposera la thèse que, pour prendre au sérieux le problème de l’insécurité et le combattre d’une manière efficace, il faut distinguer différents types d’insécurité. Ainsi l’insécurité civile qui menace l’intégrité des biens et de personnes et l’insécurité sociale qui condamne un nombre croissant de gens à la précarité, n’ont rien de commun. La première pose la question du maintien de l’ordre dans un Etat de droit et la seconde celle d’une distribution plus équitable des ressources par l’Etat social. L’insécurité civile et l’insécurité sociale ne peuvent donc pas être combattues par les mêmes moyens.
Les politiques sécuritaires font comme si la lutte contre la délinquance était l’objectif suffisant à poursuivre pour combattre l’insécurité en général. Elles ciblent ainsi des groupes particuliers comme « les jeunes de banlieue », surtout s’ils sont « issus de l’immigration », qui font fonction de classes dangereuses parce qu’ils seraient à l’origine de toutes les formes de violence menaçant la cohésion sociale. On voudrait au contraire montrer qu’il faut à la fois distinguer les formes d’insécurité et comprendre comment leur confusion surdétermine « la question de banlieues » en lui faisant porter la responsabilité de tous les désordres sociaux. C’est leur distinction qui devrait permettre de mettre en œuvre les moyens différents nécessaires pour combattre les formes différentes de la violence. Donc il faut prendre au sérieux la spécificité de l’insécurité civile et de l’insécurité sociale.