JS-73.5
Le Corps Dans Le Rituel De La Marche Sur Le Feu à La Réunion

Thursday, 14 July 2016
Location: Hörsaal 21 (Main Building)
Distributed Paper
Loreley FRANCHINA, Université de Strasbourg, France, Université de La Réunion, Reunion
Bachelard met en évidence que la connaissance première du feu se fait par un interdit social. Avant de connaitre le feu en tant qu’élément naturel, depuis l’enfance, les hommes savent qu’il ne faut pas le toucher, car il peut brûler. Dans la communauté des descendants des engagés indiens de l’île de La Réunion, département français de l’océan Indien, on marche sur ce feu « interdit » sous forme de braises ardentes. Or, bien que l’orgueil pèse sur le pénitent pour ce qui concerne la bonne exécution du rituel, il ne s’agit pas d’une question d’hubris envers les divinités, il s’agit le plus souvent du fidèle qui se fait offrande pour la divinité. À La Réunion la marche sur le feu est insérée dans un cycle cérémoniel religieux de dix-huit jours, où le temps et l’espace se sacralisent en crescendo afin de préparer les marcheurs à l’épreuve du feu. Le corps est soigné à l’intérieur par un régime végétarien et à l’extérieur par des bains purificatoires; le mental est fortifié par la concentration et la prière. La quiétude et l’abstinence sont nécessaires à la bonne réussite. Si certains marcheurs ne se brûlent pas, d’autres sortent du brasier avec des marques. Il semble y avoir une connexion entre la préparation et la réussite, et pourtant, même le fidèle qui se brûle, est heureux d’avoir accompli ce sacrifice. Le corps, soit-il maîtrisé ou « martyrisé », devient alors un corps oblation, un corps efficace, un corps narratif, un corps arme, un corps symbolique.

La proposition se base sur ma recherche de terrain (2013/2015) faite sur l’île pour la préparation de ma thèse de doctorat en Anthropologie.