Experiencing Fear Among Welfare Recipients in France: A Contribution to the Sociology of Emotions"
Monday, 7 July 2025: 11:00
Location: SJES022 (Faculty of Legal, Economic, and Social Sciences (JES))
Oral Presentation
Hana BOUHIRED LACHERAF, Sorbonne Université, France
Alors que les questions relatives à la fraude aux prestations sociales occupent une place croissante dans le débat public, cette communication se penche précisément sur la façon dont ce phénomène se manifeste dans l’expérience concrète des usagers de l’assistance. À travers une enquête qualitative menée en France, entre 2020 et 2023 auprès d’usagers du Revenu de Solidarité Active, il s’agit de mettre en lumière une dimension peu étudiée de l’expérience de l’assistance : la peur (de l’endettement, de perdre ses ressources ou d’être accusé de fraude). Elle s’inscrit dans une sociologie des émotions en explorant les conditions et les situations sociales à même de générer la peur, ainsi que les variations de cette émotion et de ses manifestations chez les usagers de prestations sociales. Cette communication souligne notamment l’importance de considérer la peur comme le produit de configurations sociales et relationnelles influençant les actions et les interactions des individus avec les groupes sociaux auxquels ils appartiennent et les institutions.
Le premier axe consiste à examiner en détail les situations qui engendrent la peur. Le deuxième axe explore les liens entre la peur, l’imagination et l’action. Enfin, le dernier axe est consacré aux réactions sociales engendrées par les différentes formes d’expression de la peur.
L’intérêt de tenir compte de la dimension émotionnelle dans l’analyse de l’expérience de l’assistance sociale est non seulement d’obtenir une meilleure compréhension des interactions entre les usagers et les organismes sociaux, mais également de mettre en évidence le fait que l’action publique ne se limite pas à des faits objectifs. En effet, son action engendre, quelle que soit son intentionnalité, également une dimension subjective. Or, en négligeant ce facteur, on ne peut saisir pleinement les comportements des individus lorsqu’ils interagissent avec les organismes sociaux et les motifs qui sous-tendent ces comportements.