Savoir De Référence Et Rapport De Places Pour Des Professionnel.Es Formés à l’Étranger: Trois Professions à l’Étude En Contexte Québécois

En raison des politiques d’immigration au Québec et de l’importante pénurie de main-d’œuvre dans différents secteurs de l’économie, les professionnel.les formés à l’étranger (PFÉ) sont de plus en plus nombreux à s’inscrire à des programmes universitaires de requalification afin de poursuivre leur carrière dans cette province canadienne. Leur formation initiale et leurs expériences ne sont pas toujours ajustées aux attentes des milieux au sein desquels ils doivent faire des stages obligatoires menant à l’autorisation de travailler au Québec, en raison de référents professionnels distincts. Nous adossant à une sociologie des groupes professionnels (Demazière et Gadéa, 2009), nous avons conduit une enquête dans les disciplines où ils sont les plus nombreux à être inscrits dans les programmes universitaires québécois (Conseil de recherche en sciences humaines du Canada, 2021-2024) : le droit, l’enseignement et la physiothérapie. 31 entretiens individuels (2 h) ont été tenus en 2022 et 2023, auprès de 10 personnes du domaine du droit, 11 de l’enseignement et 10 de la physiothérapie. Nous avons aussi réalisé 6 entretiens collectifs (3 h). Plus spécifiquement, 11 PFÉ ont été interviewés (originaires d’Afrique, d’Amérique du Sud et d’Europe), de même que 11 superviseur.es de stage et 9 enseignant.es de cours de formation pratique. Les entretiens visaient à documenter les enjeux des stages dans chaque discipline qui se posent en défis d’acculturation pour les PFÉ. Les résultats exposent la manière dont leurs interactions en milieux professionnels, notamment avec leurs superviseur.ses de stage, sont régulatrices de leur activité professionnelle par rapport à deux enjeux cruciaux : les savoirs de référence pour l’action professionnelle et le rapport de places. Ils nous conduisent à discuter des rapports de pouvoir qui s’exercent entre les cultures professionnelles concernées.