« Step By Step » : De l’Endurance Pour Comprendre Les Procédures De Demande d’Asile (France)

Tuesday, 8 July 2025: 09:50
Location: SJES005 (Faculty of Legal, Economic, and Social Sciences (JES))
Oral Presentation
Naoual MAHROUG, Université Paris Cité (Cerlis) & Fellow ICM (Policy), France
Pendant près de quatre ans (de 2016 à 2020), j’ai mené une ethnographie des espaces de l’asile de la région parisienne, là où les exilés parlent des procédures, les interrogent et se questionnent sur les démarches à mener. L’ethnographie repose sur mon implication auprès d’eux, sur des observations dans les permanences juridiques, des structures d’accueil et d’hébergement pour demandeurs d’asile, des files et salles d’attente de préfectures, du tribunal administratif, des cabinets d’avocats, entre autres.

Les demandeursd’asile sont ballotés entre les diverses administrations, juridictions et associations, bloqués dans les procédures, obligés de recommencer sans fin les démarches. Les expériences de l’incertitude font écho à ce que j’appelle les « incompréhensibles de l’asile ». Les exilés ont conscience de ce qui leur échappe tout au long des procédures. Ils font face aux « incompréhensibles de l’asile ». Herd et Moynihan (2019) qui travaillent sur la notion de fardeau administratif, théorisent trois types de coûts administratifs : les coûts d’apprentissage, de conformité et psychologiques. Il est possible de penser les coûts de l’incertitude.

C’est en cheminant, au sens propre comme au sens figuré, qu’ils parviennent à injecter de l’intelligible dans les procédures. Parcourir les « chemins de l’asile » est une pratique qui contribue à donner du sens aux règles du droit et à tenter de s’extirper de situations insécurisantes. Il s’agira de démontrer que marcher participe au cheminement permettant la compréhension des procédures de l’asile. Marcher apparait comme un acte de résistance pour comprendre et s’informer(Lejeune, 2014). C’est en marchant que se bâtit la conscience du droit (Merry, 1990;Pélisse, 2005)de façon à la fois pragmatique et intime, par le vécu de situations. C’est aussi en dehors du droit que les exilés trouvent des ressources pour cheminer dans les démarches de l’asile, le rapport à la loi se construisant par la marche.