Légalité, Conscience Du Droit Et Accès Au Logement Des Habitants Des Bidonvilles Au Maroc

Tuesday, 8 July 2025: 10:18
Location: SJES005 (Faculty of Legal, Economic, and Social Sciences (JES))
Oral Presentation
Jaouad AGUDAL, Hassan First University of Settat, School of Languages, Arts and Human Sciences, Morocco
La présente proposition vise à comprendre comment la légalité est socialement construite dans le contexte de la mise en œuvre d’une opération de recasement des habitants d’un bidonville, situé dans la région du Grand-Casablanca. Nous nous intéressons plus précisément à la manière dont les chefs de ménage et les acteurs des bureaucraties locales construisent des catégories telles que le statut du ménage, le statut du chef de ménage et le statut d’ayant-droit. Pour ce faire, nous adoptons une approche qualitative et quantitative dans la collecte et l’analyse des données. Celles-ci proviennent des listes des chefs de ménage bénéficiaires ainsi que de celles des chefs de ménage qui revendiquent encore leur droit à l’allocation dans le cadre de cette même opération. L’analyse des données montre que les statuts de ménage, de chef de ménage et d’ayant-droit sont des constructions sociales malléables, configurationnelles et conflictuelles. Ces statuts sont établis, sanctionnés, fragilisés, niés et remis en question dans le cadre des interactions entre les chefs de ménage, ainsi qu’entre ces derniers et les acteurs des bureaucraties locales. Ces acteurs adoptent des pratiques et des tactiques, tout en mettant en œuvre des justifications et des ruses qui leur permettent de jouer avec les critères d’éligibilité des ménages, ainsi que ceux liés à la construction et à la fragilisation des statuts mentionnés précédemment. Le droit devient ainsi un champ et un terrain de jeu où les règles et les critères ne sont pas fixés à l’avance, mais se définissent dans le cadre de la configuration des relations entre les différents acteurs. Dès lors, la conscience du droit émerge et évolue dans le cadre de ces relations, tant pour les chefs de ménage que pour les acteurs des bureaucraties locales.