Du Travail Gratuit Ou Bénévole : La Rhétorique Du Maire Désintéressé Au Cameroun.
Du Travail Gratuit Ou Bénévole : La Rhétorique Du Maire Désintéressé Au Cameroun.
Wednesday, 9 July 2025: 09:15
Location: ASJE022 (Annex of the Faculty of Legal, Economic, and Social Sciences)
Oral Presentation
La mise en place progressive de la décentralisation au Cameroun a révélé de nouveaux rapports au travail des édiles. Si, dans la plupart des États francophones, les maires perçoivent des indemnités liées à leur fonction, le Cameroun présente une particularité notable : une évolution marquante de la fonction d'édile, qui est passée d’un statut quasi-bénévole à une situation de salarisation, en plus des indemnités. Cette transformation a été officialisée par un décret du 16 septembre 2015, qui fixe les modalités de rémunération des maires. Une lecture attentive de ce décret révèle que le traitement de base accordé aux édiles ne peut pas être cumulé avec un salaire de la fonction publique. Cette évolution rend particulièrement opérationnelle la pensée de Max Weber, selon laquelle vivre de la politique constitue un critère de la professionnalisation politique. Cependant, dans la pratique, les maires continuent de qualifier leur fonction de « bénévolat », suggérant ainsi qu'elle relève toujours de la gratuité. Comment interpréter cette contradiction ? Quels ressorts sociaux permettent de distinguer la posture bénévole de la posture salariale ? Comment se construit cette rhétorique ? Et comment cela éclaire-t-il le processus de professionnalisation des édiles ainsi que le cadre plus large des analyses sur le travail bénévole? Pour répondre à ces questions, nous nous appuyons sur trois communes du Sud-Cameroun. Un matériau composite, constitué au cours de cinq années de recherche doctorale, a été rassemblé, comprenant des entretiens, des observations et des documents d’archives.