Être Femme Ingénieure Au Maroc : Évoluer Dans Un Monde Professionnel Peuplé d’Hommes.

La question qui structure ma communication est la suivante : en partant d’un travail de terrain basé sur plus d’une centaine d’entretiens biographiques, collectés auprès d’ingénieurs marocains diplômés d’écoles françaises, marocaines et soviétiques, nés entre 1930 et 1980, il est clairement apparu que le diplôme d’ingénieur est un moteur de mobilité socio-professionnelle pour la grande majorité des hommes ingénieurs interviewés ou, au minimum, un facteur qui a contribué au maintien du statut social pour ceux issus des milieux privilégiés : qu’est-ce qu’il en est pour les femmes ingénieures ? En d’autres termes, la variable « genre » a-t-elle une place, et si oui laquelle, dans l’analyse de la mobilité socio-professionnelle des ingénieurs marocains et plus particulièrement de celle qui mène au pôle du pouvoir ? Ma communication portera sur 20 femmes ingénieures, nées entre 1950 et 1980, diplômées elles aussi d’écoles françaises, marocaines et soviétiques. Selon le schéma suivi pour les hommes, il s’agit de saisir comment leurs carrières socio-professionnelles se sont mises en route et ont évoluées à partir de l’analyse de leurs récits biographiques qui retracent leurs vies de la plus tendre enfance à l’accomplissement de leur carrière professionnelle. L’analyse des trajectoires personnelles, scolaire et professionnelles des femmes ingénieures s’est révélée fondamentale non seulement pour comprendre la place que la variable « genre » occupe au sein d’une problématique telle que la relation qui existe entre mobilité scolaire et mobilité socio-professionnelle. Elle a en effet permis de mieux saisir les caractéristiques que le groupe socio-professionnel des ingénieurs marocains a acquises dans le temps, et les mécanismes sociaux qui l’animent. Le « genre », ainsi que l’origine sociale, regardée dans tout son dédale d’imbrications, le cursus scolaire accompli, le contexte historique se sont imposés comme des variables essentielles pour mieux appréhender le phénomène étudié.