(Re)Formuler Ses Droits Dans l’Exil : Le Cas Des Réfugiés Syriens Dans Le Grand Beyrouth

L'arrivée au Liban depuis 2012 d'environ 1,5 million de réfugiés syriens a posé de façon aigüe la question de leur accès aux droits à la santé en situation d'exil dans ce pays. Cette communication tâchera de répondre à cette question faussement simple : comment se soignent-ils en exil dans un pays où les soins de santé sont très coûteux et où leurs droits réels n'ont cessé d'être liquéfiés par certaines politiques publiques répressives depuis 2014? Elle s'appuiera sur deux enquêtes par entretiens et observations menées dans le cadre de mon Master 2 et de celui de ma thèse de doctorat, entre le camp de Sabra et Chatila, les quartiers de Nabaa, de Karm el-Zeitoun et de Hay el-Sellom, tous situés dans le Grand Beyrouth. Ces enquêtes ont été menées au long cours depuis décembre 2018, auprès de groupes de Syriens, d'autres étrangers et de Libanais particulièrement vulnérables et dominés. Cette communication visera à répondre à plusieurs questions emboîtées : quels droits revendiquent-ils dans un contexte où leurs droits se résorbent rapidement dès 2014, où leur accès à une santé onéreuse au Liban devient de plus en plus difficile? Comment entretiennent-ils des rapports avec le droit à la santé - libanais, syrien et humanitaire international - dans une situation d'exil que la littérature de sciences sociales associe souvent à une condition de "sans droit"? En quoi leur double expérience - et double référentiel - de réfugié au Liban et de citoyen dans leur pays d'origine se manifeste-t-elle au coeur des formulations de leur mécontentement tout comme dans leur quête de reconnaissance juridique?