Les Marchés Territoriaux : Coupole De Résistance De l’Agroécologie
Cas d’El Haouz Et De Marrakech
Au Maroc, l’agroécologie correspond à un système de production en marge des politiques publiques. Celles-ci n’appuient les « modèles alternatifs » que lorsqu’ils sont labélisés en « Bio ». Par conséquent, le développement de l’agroécologie au Maroc est le fruit d’initiatives individuelles et collectives que nous pouvons qualifier de mouvement social. En se basant sur une étude empirique dans la région du Haouz de Marrakech au Maroc, nous avons enquêté une quarantaine d’acteurs différents (agriculteurs et agricultrices, membres des associations et agents de l’administration).
Nos résultats montrent que l’engagement dans l’agroécologie dépasse le seul produit labelisé et s’inscrit dans un mode de vie conciliant production, rapport à la nature et au vivant. Au niveau deux marchés territoriaux à El Haouz et à Marrakech appelés respectivement souk hebdomadaire déjà existant et marché paysan émergent, différents profils de producteurs s’y retrouvent. En plus de leurs rôles commerciaux, ces marchés sont des lieux de rencontres, d’échanges d’expériences, de renforcement de liens sociaux et d’apparition de nouvelles formes de solidarité, entre agriculteurs d’une part, et entre agriculteurs et consommateurs d’autre part. Le marché paysan, aussi fragilisé soit-il par les aléas climatiques et l’effort de fidélisation d’une clientèle engagée, devient un espace de résistance d’un modèle dominant par l’agriculture conventionnelle et par le produit labelisé.