Faire Sa Place Dans La Prise En Charge Du Cancer Au Bénin : Dynamiques De Professionnalisation Des Oncologues De Retour Au Pays.

Wednesday, 9 July 2025: 10:15
Location: ASJE022 (Annex of the Faculty of Legal, Economic, and Social Sciences)
Oral Presentation
Claire LEINOT, Ceped, Université Paris Cité, Institut Convergences Migrations, France
Au Bénin, en 2019, seuls douze médecins béninois étaient formés à l’une des quatre spécialités de l’oncologie (chirurgie, radiothérapie, oncologie médicale, anatomopathologie). Alors que l’incidence des cancers augmente rapidement, le manque de personnel de santé spécialisé et l’absence de formation en oncologie dans le pays constituent des enjeux majeurs pour la prise en charge de cette maladie. Ces deux problèmes sont liés par un mécanisme de cause à effet : les médecins béninois doivent partir à l’étranger pour se former, et l’expérience à l’étranger constitue un espace-temps de recrutement lié à la socialisation professionnelle y ayant cours, ce qui empêche – en cas de non-retour - le développement d’un corps professoral au Bénin.

Cette communication s’intéresse pour autant bien à ceux qui sont rentrés et ont tenté de se faire une place dans la prise en charge du cancer au Bénin. Partant d’un cadre théorique liant sociologie des migrations internationales et sociologie des groupes professionnels, nous proposons à partir de la notion de « projet » d’interroger les tensions professionnelles au retour au pays. Ces tensions sont de trois ordres non exclusifs : l’insertion professionnelle, la pratique professionnelle et la reconnaissance professionnelle. C’est à propos de ce dernier type de tension que nous nous attacherons à développer l’argumentation. La reconnaissance professionnelle est ici envisagée dans sa perspective interactionnelle en prenant en compte les différents acteurs du secteur spécifique de la prise en charge du cancer au Bénin, ainsi que l’État.

À partir d’un corpus de trente et un entretiens approfondis réalisés entre 2022 et 2024 avec des médecins s’identifiant comme « vrais » oncologues et des médecins « spécialistes d’organes » traitant le cancer, il s’agira d’interroger les lignes de clivage et les dynamiques en cours, qui semblent mener à la constitution d’un nouveau segment professionnel.