Transformations Dans Le Travail De l’Art Et Les Identités Professionnelles à l’Aune De l’Engagement Écologique Des Artistes Visuel•Les En France

Friday, 11 July 2025: 09:45
Location: FSE001 (Faculty of Education Sciences (FSE))
Oral Presentation
Roesch ANAÏS, Paris 1 Panthéon Sorbonne - IDHE.S, France
Cette communication s’inscrit dans le cadre d’une thèse de sociologie de l’art portant sur les trajectoires d’engagements écologiques des artistes visuel·les en France. Elle s’appuie sur un corpus de 80 entretiens biographiques menés auprès d’artistes visuel·les s’identifiant ou étant identifié·es comme appartenant au monde de l’art écologique en France (Blanc, Benish, 2016 ; Ardenne, 2019 ; Ramade, 2022).

Cette recherche met en lumière une caractéristique commune à de nombreux·ses artistes écologiques qui consiste à se définir de façon plurielle et à ajouter, au titre d’artiste, une profession en lien avec le vivant : paysan·ne, arboriculteur·ice, naturaliste, maraîchèr·e, paysagiste etc. Nous défendons ici l’idée qu’il ne s’agit pas d’un cas classique de pluri- ou poly-activité qui serait inhérente aux professions artistiques (Bureau, Perrenoud, Shapiro, 2009), soit un comportement rationnel qui viserait à réduire les risques du métier (Menger, 2005). Nous pensons que ces identités professionnelles sont un indicateur de renouvellement du débat sur l’autonomie de l’art (Osborne, 2017) à l’ère de l’Anthropocène. En effet, nous observons que ces artistes engagé·es dans l'écologie partagent une vision critique de la modernité artistique et par là, le souhait de sortir d’une forme d’autonomie de l’art, pour trouver, par la transformation des pratiques mais aussi des modes de vie (Pruvost, 2021), une autonomie vis-à-vis du monde de l’art, au sens des institutions et du marché.

Ainsi, nous analyserons ce que signifient ces identités plurielles en termes de formation, de compétences, de pratiques, de statuts juridiques ; ce qu’elles génèrent en matière de circulations, de réception et parfois de négociations ; et nous nous demanderons enfin, à partir de ce qu’elles révèlent dans les transformations du travail de l’art, si ces revendications pourraient aller jusqu’à constituer une volonté de dé-professionnaliser le monde de l’art.