Négocier Les Douleurs d’Accouchement, Une Voie De Résistance Aux Injustices Épistémiques ?

Monday, 7 July 2025: 11:45
Location: FSE032 (Faculty of Education Sciences (FSE))
Oral Presentation
Maud ARNAL, University California San Diego, USA
Les récentes mobilisations contre les violences obstétricales en tant que routine quotidienne des soins ainsi que la campagne #MeToo ont déclenché une nouvelle vague d'articulations et de conflits sur les asymétries de pouvoir entre les sexes. Nous explorons les asymétries de pouvoir entre les sexes à travers le processus par lequel les avancées médicales et technologiques dans les soins de maternité deviennent acceptées, contestées ou routinisées. Utilisées de manière appropriée, elles peuvent sauver des vies. Employées de manière routinière, elles sont accusées de pratiques sociales d'oppression en transformant l'expérience de l'accouchement d'un processus « physiologique » et d'un événement de la vie familiale en un processus médical avec des complications ou relevant d’une procédure chirurgicale. À partir d'une recherche sociologique comparative portant sur la restructuration du travail médical et des politiques de santé publique en France et au Canada, nous analysons le développement d'un processus de re-naturalisation des douleurs de l'accouchement comme moyen de résistance à l'oppression et aux injustices épistémiques (Cohen Shabot, 2021). Fondée sur l'analyse de sources écrites, ainsi que de soixante-quinze entretiens semi-directifs et d'observations non participantes avec des professionnels de santé, nous soutenons que l'analyse de la prise en charge médicale et sociale des douleurs d’accouchements met en évidence la manière dont des connaissances situées se négocient en opposant le « naturel » à « l’artificiel » par un remodelage des affects des acteurs afin de construire une connaissance expérimentale et partagée des douleurs entre les femmes accouchant, les professionnels de santé et les politiques de santé publique. Ces processus ouvrent de nouveaux espaces de négociation et de consommation des savoirs tout en remettant en question les processus d'externalisation et de privatisation de la santé publique, entraînant des inégalités sociales intersectionnelles.