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« J'ai Peur Du ‘Kongossa' (commérage) » : Stigmate Et Contrôle De L'information Sur Le VIH/Sida Auprès De Migrantes D'origine Subsaharienne Et Séropositives En Suisse

Saturday, July 19, 2014: 3:35 PM
Room: F204
Distributed Paper
Michela VILLANI , Institut Universitaire de l'Histoire de la Médecine et de la Santé Publique, Lausanne, Switzerland
Francesca POGLIA MILETI , Department of Social sciences, University of Fribourg, Fribourg, Switzerland
Laura MELLINI , University of Fribourg, Fribourg, Switzerland
Brikela SULSTAROVA , University of Fribourg, Fribourg, Switzerland
Pascal SINGY , Psychiatrie de liaison, CHUV, Lausanne, Switzerland
Trente ans après l’identification du virus du sida et l’apparition d’une nouvelle épidémie, la séropositivité reste stigmatisée et difficile à dire. Quel que soit leur statut, origine et contexte socioéconomique, les personnes concernées tendent à taire leur infection, craignant d’être discriminées (Mellini et al., 2004). Cela est particulièrement vrai pour les migrant-e-s d’origine subsaharienne qui sont souvent réticent-e-s à révéler leur séropositivité en dehors du système de santé (Anderson, Doyal, 2004 ; Calin et al. 2007 ; Dieleman, 2008).

Fondée sur une étude qualitative financée par le Fonds national suisse de la recherche scientifique portant sur 30 entretiens approfondis avec des femmes séropositives d’origine subsaharienne vivant en Suisse, cette communication montre comment le stigmate rattaché au VIH/sida place le contrôle de l’information au cœur de leur vie quotidienne et oriente leur construction des liens sociaux.

Selon les représentations de la maladie dans les différentes sphères sociales (« maladie de putes », « punition de Dieu », « sorcellerie » ou autre), les femmes choisissent de taire ou révéler leur infection. Le cloisonnement des relations sociales découle de la peur que le secret ne soit dévoilé et que le stigmate, de perçu, devienne agi (Green, 1995). Les femmes se confient peu à leurs proches, craignant le rejet. Seuls quelques membres de la famille, partenaires ou ami-e-s, sont soigneusement sélectionné-e-s. Le VIH est gardé strictement secret dans les communautés Africaines et religieuses, par peur de l’exclusion. En revanche, les hôpitaux et les associations de lutte contre le VIH/sida sont perçus comme les lieux sécurisants pour parler de l’expérience de la maladie.

Finalement, le stigmate de la séropositivité a des effets réels sur la santé et la vie sexuelle : la peur et la nécessité de se cacher augmentent la vulnérabilité des femmes subsahariennes en contexte migratoire.