Maladies Chroniques, Transitions Professionnelles Et Changement Social

A l’occasion d’une recherche d’une durée de trois ans ayant pour thématique centrale les rapports entre maladie chronique et travail, cette communication s’efforcera de montrer que, à l’occasion d’un dispositif spécifique de recherche action clinique que nous présenterons, la rupture biographique (Bidart 2006, Grossetti 2006) se transmeut en une dynamique de transformation sociale. La transformation personnelle débouche, « naturellement », sur une (dynamique de) transformation collective via la présence d’un groupe, qui sur un temps long, conduit chacun à quitter le récit de sa vie pour soi, pour mettre en commun ce qui dans son parcours individuel fait écho aux autres participants. Le récit de sa vie, de la simple vie, de ce que certains appellent la vie nue (Arendt, 2002 ; Agamben, 1998) ou la vie vivable (Butler, 2010) se transforme peu à peu en une réflexion sur ce qu’il faudrait transformer chez soi, chez les autres et dans la société afin de parvenir à une vie en santé. Ce sont alors les normes sociales du travail entendues comme « la représentation sociale du travail-emploi qui détermine l’accès aux ressources de base requises pour répondre au commandement contemporain de l’individu maître d’œuvre de sa propre existence » (Castel 2011) qui sont questionnées. Quel que soit l’âge, le sexe ou le niveau social c’est bien la question de la centralité du travail dans une vie qui est mise en débat. Cette recherche montre bien à quel point les transitions sont des occasions de co-construction du changement individuel et social. Si les façons de penser changent, elles conduisent alors à une volonté de changement social qui se manifeste via différentes stratégies que ce soit dans le milieu familial comme dans celui des organisations et des institutions.