753.4
Apport De La Socio-Analyse à L'étude Du Processus De Construction Identitaire

Monday, July 14, 2014: 6:15 PM
Room: Booth 55
Oral Presentation
Sabrina ZEGHICHE , Sociology, University of Ottawa, ON, Canada
L'objectif de ma communication consiste à explorer le lien entre l'expérience de l'immigration et la construction de l'identité ethnique, à partir d'un cas concret (une famille d'origine nigérienne émigrée/immigrée au Canada). Les théories de l'ethnicité, qui ont connu un boom depuis les années 1970, ont certes rompu avec l'essentialisme des premières approches, mais perpétuent souvent (à leur insu) une approche substantialiste des identités ethniques (Brubaker, 2000; Jenkins, 2010). On reconnaît volontiers ces dernières comme étant mouvantes et dynamiques, mais on s'attarde très rarement sur leurs incohérences, leurs ruptures, leurs contradictions (Bajoit, 2009; Collovald, 2007). Par ailleurs, l'ethnicité (comme l'immigration) a souvent été traitée sous l'angle soit de l'intégration (le fameux concept du vivre-ensemble), soit du déracinement (crise d'identité), soit encore du rapport intergénérationnel (crispation ou dissolution de l'ethnicité; ethnicité symbolique). La socioanalyse (Sayad, 1991; Bajoit, 2009), en remettant l'individu au centre de la recherche et en privilégiant la méthode de la biographie reconstituée, permet de concevoir l'identité ethnique (loin des discours dichotomiques) dans ses contradictions les plus profondes, ses ambivalences, ses évolutions (au cours d'une vie), ses mécanismes de dissimulation, etc.   

Pour ce faire, il faut nécessairement saisir l'expérience de l'immigration dans toute sa complexité; autrement dit, dans les rapports qu'elle implique avec le pays d'origine : souvenirs, fantasmes, nostalgie, désillusion (du retour); avec la famille élargie : entre culpabilité et sentiment de devoir s'acquitter d'une dette; avec la société d'accueil : promesses (réelles ou déçues) d'une nouvelle vie ou de nouvelles possibilités, discriminations ('raciales', sociales, économiques, etc.), sentiment de déclassement, etc. Il s'agira donc d'étudier le processus plutôt que le résultat de ce processus (comme disait Brubaker (2002), l'identification, plutôt que l'identité, permet d'éviter le piège du substantialisme et de penser l'ethnicité en termes dynamiques, relationnels et processuels.)