262.6
Le "Libre Choix" Des Patients Dans Une Relation Plurielle Et Diachronique

Tuesday, July 15, 2014: 9:20 AM
Room: F205
Oral Presentation
Claire SCODELLARO , Université de Lorraine, Nancy, France
Le droit des usagers au « libre choix », tel qu’il est formulé dans la loi du 2 janvier 2002 en France, semble sous-tendre que les patients s’inscrivent dans une relation duale avec les médecins au sein de laquelle ils seraient des sujets singuliers, rationnels et autonomes dans leurs décisions. Les travaux sociologiques ont cependant montré d’une part que la réalisation de ce modèle bute contre des obstacles notamment liés à aux positions de classe, genre et âge des patients et aux situations de crise qu’ils rencontrent ; d’autre part que les malades sont rarement seuls dans leur parcours de soins mais souvent aidés par des membres de l’entourage. Quant aux décisions des médecins, elles sont de plus en plus fréquemment prises en équipe pluridisciplinaire. Nous faisons donc l’hypothèse que les décisions de soins doivent être analysées dans le cadre d’une relation plurielle autour du patient, qui questionne la voix au chapitre de chaque acteur. Par ailleurs, les choix sont théoriquement révocables à tout moment, ce qui invite à les analyser de manière diachronique.

Notre recherche porte, dans ce cadre, sur les décisions de primo-entrée en hospitalisation à domicile (HAD) et de sortie du dispositif. En fort développement en France sous l’impulsion des pouvoirs publics, l’HAD est censée constituer une solution économique pour les finances publiques et répondre au souhait des malades d’être soignés chez eux. Elle s’appuie, de fait, sur la disponibilité d’un entourage aidant dont le consentement à l’HAD n’est cependant pas prévu par la loi.

A partir d’un matériau qualitatif (entretiens auprès de professionnels d’HAD, observation de réunions de coordination, monographies de patients), et d’un matériau quantitatif, nous montrons si le « choix » de l’HAD relève d’un ordre négocié entre les différents acteurs ou s’il relève d’une magistrature médico-sociale de la part des professionnels de santé.