137.5
L'identité Entre Construction Et Renonciation. Réflexions De Ernesto De Martino Et Georges Devereux Sur La Sexualité Dans Une Dimension Transculturelle

Wednesday, July 16, 2014: 5:30 PM
Room: F206
Oral Presentation
Marina REPEZZA , École Hautes Études Sciences Sociales, Paris, France
L’anthropologue italien Ernesto de Martino (1908-1965), dans sa vision historiciste du rapport entre psychisme et société, considère le sujet humain comme un produit historique dont les origines plongent dans ce qu’il appelle le « monde magique ». L’existence d’une frontière stable entre l’individu et le reste du monde est, pour de Martino, loin d’être un fait établi mais caractérise le monde occidental, qui a dépassé le phénomène de la « labilité de la présence » et dont l’angoisse face à la dissolution (il appelle coinonia ces états psychiques d’ « identité indifférenciée » qui hantent le monde magique) est désormais circonscrite à des situations bien précises (l’acte sexuel, la mort).

Georges Devereux (1908-1985), élève de Marcel Mauss et fondateur de l’ethnopsychanalyse, étudie de son coté la constitution d’une « identité intégrée » et théorise la possibilité d’une « renonciation à l’identité », comme un stratagème volontaire d’autodéfense psychique.

Je proposerai une analyse comparative de la notion de construction de l’identité chez de Martino et Devereux, et son corollaire, la perte de l’identité pour le premier, versus la renonciation à l’identité pour le second. J’essaierai d’élucider en particulier la place qui est faite tout au long de leurs écrits à la dimension de la sexualité, qui est traitée dans une perspective transculturelle par ces deux contemporains, mais qui est abordée selon des angles différents. En reconstruisant entre autres la réflexion sur la pudeur et le plaisir sexuel développée par de Martino, celle sur la déviance sexuelle chez Devereux, je voudrais souligner l’originalité et la complémentarité de la contribution de ce deux théoriciens.