206.1
Crise De Représentativité : Le Mouvement Syndical Vecteur Et/Ou Victime Des Clauses De Disparités De Traitement?

Wednesday, 18 July 2018: 17:30
Location: 704 (MTCC SOUTH BUILDING)
Oral Presentation
Diane GAGNÉ, UQTR, Canada
Bien que le mouvement syndical soit généralement présenté comme un important vecteur d’amélioration des conditions de travail et de vie des salariés, il peut également contribuer, volontairement ou non, à institutionnaliser la discrimination en milieu de travail en négociant des clauses de disparité de traitement dans les conventions collectives. Cette conjoncture bouleverse l’univers des relations de travail et la pratique du droit des rapports collectifs, puisque les travailleurs sur le marché de l’emploi ne sont pas tous égaux.

Pourtant, à ce jour encore, nos recherches empiriques montrent qu’il demeure périlleux d’évoquer la notion de discrimination pour expliquer cet état de fait, tellement les différents acteurs du marché du travail apparaissent « frileux » devant cette utilisation. Considérant que de telles clauses contribuent à l’accroissement des inégalités sociales, les enjeux sont multiples. Notamment, à cause des éventuelles ruptures dans les solidarités intergénérationnelles ou sociales et de la crise de confiance envers les institutions. Mais alors, comment évaluer la déficience de la mission de représentation des syndicats et des institutions traditionnelles en relation de travail?

À partir d’un système québécois singulier, parfois déraisonnable, où, malgré l’existence de droits à l’égalité, le travailleur lésé ne parvient pas à les faire respecter ; peu importe le recours utilisé, il demeure difficile de concilier les visions du droit constitutionnel et du droit du travail lorsqu’il s’agit de reconnaître les conséquences et les victimes de la discrimination. De cette incapacité émanent une multiplication de travailleurs à statut « précaires » dans un groupe de travailleurs traditionnellement « protégés ». Conséquemment, il apparaît des fractures au sein du mouvement syndical et des différents groupes de travailleurs, créant ainsi de larges brèches par lesquelles le discours populiste s’inscrit et où le travailleur plus ou moins protégé ne sait plus « vers qui se tourner ».