957.2
Normes Et Violences De Genre Au Bénin : Les Universités Publiques à L'épreuve Des Faits

Tuesday, 17 July 2018: 17:45
Location: 401 (MTCC SOUTH BUILDING)
Oral Presentation
Florent TASSO, Université d'Abomey-Calavi, Benin
Yvette ONIBON DOUBOGAN, Université de Parakou, Benin
Ces dernières décennies, l'institution universitaire, lieu d’apprentissages et de socialisation est le théâtre de violences répétées. Si l’éducation est cruciale pour autonomiser et transformer la vie des jeunes, il apparaît dès lors que la complexité et la fréquence des violences dans les universités compromettent gravement la réalisation d’une éducation de qualité, inclusive et équitable. L'objectif principal de cette réflexion est d'analyser les violences basées sur le genre en milieu universitaire à partir d'une lecture sociologique des mécanismes sociaux et institutionnels mis en œuvre en vue de leur élimination. La démarche méthodologique adoptée est de type descriptive et analytique. Les données empiriques ont été recueillies à partir d'un échantillon aléatoire simple constitué d'enseignants, d'étudiants et de personnels administratif et de service. Les entretiens individuels approfondis et de groupe, l'observation directe, l'analyse documentaire ont été les techniques utilisées pour la collecte du corpus empirique. La triangulation des informations dans la perspective théorique de la déviance de Becker (1963) révèle que s'il est noté une certaine prise de conscience des violences de genre en milieu universitaire (VGMU) au Bénin, la lutte contre ce phénomène aux facettes multiples (violences physique, psychologique, verbale, sexuelle, etc.) ne s'est pas encore traduite par la mise en œuvre de politiques efficaces visant à réduire sa prévalence. Les mécanismes institutionnel, législatif et réglementaire de lutte contre les VGMU se heurtent à des stéréotypes et comportements socioculturels discriminatoires à l'égard des femmes. La prégnance du système patriarcal, où la domination masculine et la soumission féminine valent comme des normes sociales, de même que le glissement des inégalités entre les genres de l'espace domestique à celui académique entraînent une banalisation de la VGMU. Dès lors, l'inefficacité du cadre juridique et institutionnel de lutte contre ces violences permet souvent aux coupables d’agir dans l’impunité accroissant ainsi la vulnérabilité des étudiants.