547.1
Une Mobilisation Improbable Dans Les « Zones Grises » De l’Emploi. Le Cas Des Chauffeurs VTC En France

Thursday, 19 July 2018: 08:30
Location: 711 (MTCC SOUTH BUILDING)
Oral Presentation
Sophie BERNARD, Paris Dauphine University - PSL Research University - IRISSO, France
Sarah ABDELNOUR, Paris Dauphine University - PSL Research University - IRISSO, France
Uber symbolise l’émergence d’un nouveau modèle économique dans lequel les entreprises prennent la forme de plateformes numériques et jouent le rôle d’intermédiaires entre clients et prestataires de service indépendants. Si Uber a attiré en France 15 000 « partenaires » en quelques années, des tensions sont néanmoins rapidement apparues. Après la mobilisation des taxis, ce sont aujourd’hui les chauffeurs des plateformes eux-mêmes qui s’organisent contre Uber. Des premières contestations devant le siège ont lieu à l’automne 2015 et c’est une contestation plus organisée et institutionnalisée que l’on observe en hiver 2016.

Au moment de son implantation en France, les conditions tarifaires proposées permettent aux chauffeurs VTC de se dégager des niveaux de rémunérations relativement élevés. Ils apprécient le fait d’être des travailleurs indépendants et de bénéficier d’une forte autonomie au travail. Cependant, une fois qu’Uber s’est imposé comme un acteur incontournable dans le secteur, les conditions tarifaires ont été revues à la baisse. Bien que travailleurs indépendants, les chauffeurs VTC deviennent ainsi de plus en plus dépendants des applications. Ils s’organisent alors collectivement pour résister à l’emprise et à l’influence des applications. Or au vu de leur statut d’indépendant, de leur jeune âge et de leurs parcours sociaux, ces mobilisations semblent à de nombreux égards largement improbables. Comment débute et s’organise cette mobilisation ? Quels sont leurs représentants ? Quelles sont les registres d’action mobilisés ? Quelles sont leurs revendications ?

Pour traiter ces questions, nous nous appuierons sur les résultats d’une enquête en cours s’inscrivant dans un projet de recherche collectif portant sur le « capitalisme de plateforme » (ANR CAPLA). Le matériau mobilisé comprend des observations de manifestations, des entretiens avec des chauffeurs VTC et avec des représentants de chauffeurs, les résultats d’un questionnaire passé auprès de chauffeurs, l’analyse des échanges sur un forum de discussions.