176.4
L'aislf Et La Sociologie Francophone

Saturday, 21 July 2018: 11:15
Location: 603 (MTCC SOUTH BUILDING)
Oral Presentation
Patricia VANNIER, Université Toulouse Jean Jaurès / LISST-CERS (UMR 5193), France
L’AISLF (l’association internationale des sociologues de langue française) a été créée en 1958 par G. Gurvitch et H. Janne dans le projet de constituer un espace d’échanges pour les sociologues utilisant la langue française. Il s’agissait pour les fondateurs de répondre à la domination de la langue anglaise dans les congrès et rencontres internationales et plus particulièrement de s’opposer à l’hégémonie de la sociologie américaine et de son modèle. Dans ce contexte sociologique particulier des années cinquante, l’usage de la langue de travail ne constituait pas seulement un enjeu national mais aussi et surtout un enjeu sociologique.

Une des principales activités de l’AISLF a longtemps été l’organisation de congrès dont la fréquence a permis de dépasser le nombre des congrès de l’AIS (Association Internationale de Sociologie) pourtant née 10 ans plus tôt. Nous verrons qu’ils ont fortement participé à développer l’association et à renforcer son influence (augmentation des adhésions, rayonnement international, positionnement politique) en particulier par rapport à l’AIS.

Les congrès sont des moments et des lieux qui favorisent les échanges scientifiques, confrontent différentes méthodes, différents courants théoriques, et participent ainsi à une internationalisation des savoirs sociologiques. Leurs thèmes reflètent l’état de la discipline à un moment donné marquée par l’hégémonie ou le déclin de tel courant, ou par l’émergence de nouvelles approches. Les congrès de l’AISLF ont également joué un rôle important dans la promotion d’une sociologie de langue française qui s’exerce au-delà de l’espace francophone. Pourtant, nous verrons que par la nationalité des adhérents, des membres du bureau ou des lieux des congrès, l’AISLF est restée très largement et durablement (jusqu’aux années 1980) dominée politiquement et sociologiquement d’abord par la France, puis par un noyau dur francophone (français, belge, suisse et canadien).