Raconter Montréal Autrement :Des Récits Fondateurs Au Pluriel

Les récits fondateurs de nos pays, régions et villes puisent dans le passé, mais ils cherchent aussi à agir sur le présent. Ils ont donc un impact important sur le sentiment d’appartenance et de reconnaissance de tous les citoyens au lieu où ils habitent, indépendant de leurs origines. Pour imaginer l’avenir de la ville autrement, nous aurons besoin d’abord de réfléchir ensemble sur nos compréhensions respectives du passé. Le récit de la fondation de Montréal présente, comme fondateurs de notre ville, les Européens qui ont fondé Ville-Marie, une ville missionnaire. Il s’agit pourtant du moment initial de la colonisation d’un territoire habité depuis des millénaires. En effet, les recherches historiques et archéologiques ont permis de mieux comprendre le contexte de cet événement de 1642, la vision et le rôle de ses divers acteurs, incluant les autochtones, déjà présents sur le territoire. De ce point de vue, une mise à jour s’impose. Comment faire pour raconter la « fondation » de la ville à plusieurs voix? Est-il possible de les faire coexister dans un récit commun et partagé? Serait-il possible de voir l’histoire du peuplement du territoire comme une série de rencontres, dont certaines ont été marquées par la violence, d’autres par la fascination ou la mécompréhension, d’autres par des alliances éphémères? Dans le cadre d’un projet de recherche collaboratif, plusieurs stratégies de médiation culturelle ont été mobilisées pour mettre en images et en mots les divers savoirs et matériaux qui construisent ces « récits fondateurs » : documents historiques, artéfacts archéologiques, mythes, légendes, contes, archives, mémoires, objets, traces physiques, et autres. Si nous voulons que les Montréalais et Montréalaises de toute origine aient un sentiment d’appartenance, il faut commencer par la création d’un nouveau récit fondateur qui permet de repenser le rapport au territoire et surtout au passé.