274.2
Les Salauds De La Démocratie Et La Représentation Médiatique Du Crime Au Brésil De Nos Jours.

Friday, 20 July 2018: 08:50
Location: 713A (MTCC SOUTH BUILDING)
Oral Presentation
Raul ROJO, Université fédérale de Rio Grande do Sul, Brazil
La nouvelle et frêle démocratie brésilienne hésite à regarder ses crimes en face, car elle a prétendu tirer sa légitimité du citoyen, qui ne pouvait être que bon. Aux mieux, les délinquants seraient des révoltés, au pire, des malades. On peut dater ce discours de la Constitution citoyenne de 1988. Pourtant, ces dernières années, le crime a refait surface comme figure irréductible du mal. Scandales financiers, affaires de corruption, trafics d’influence, de stupéfiants et d’armes, faits divers sordides. Faute d’aborder frontalement la question du mal on essaye de la contourner en faisant du criminel un être d’exception dont les forfaits repoussent, mais dont l’audace, au même temps, séduit. L’intérêt pour le crime est coextensif à cet attrait pour les comportements exceptionnels. La représentation médiatique de la délinquance remplit ainsi une fonction anthropologique discriminante qui spécifie la limite entre l’anormal et le normal et une fonction sociale qui transforme des faits individuels exceptionnels en expérience socialement significative. Les médias contribuent à cristalliser l’inquiétude par rassemblement d’une masse atomisée de craintes sur des objets identiques : les violences emblématiques des salauds de la démocratie.