Thursday, August 2, 2012: 5:00 PM
Faculty of Economics, TBA
Oral
Bernard CONVERT
,
Maison des Sciences de l'Homme et de la Société, Centre National de la Recherche Scientifique, Lille, France
Depuis les années 1980, la France a connu une des plus fortes croissances du taux de diplômés de l’enseignement supérieur. Cette croissance est allée de pair avec une démocratisation au moins apparente de l’accès à l’enseignement supérieur. Mais derrière cette apparence, on observe une très grande inégalité d’accès aux différentes filières d’enseignement et aux différentes disciplines, selon le genre et selon l’origine sociale et géographique. Comme dans beaucoup de pays, les étudiant(e)s d’origine défavorisée se concentrent dans les cycles courts technologiques. A l’autre extrême de l’échelle sociale, les enfants d’origine favorisée, en particulier les garçons, se concentrent dans les Grandes Ecoles et leurs classes préparatoires, une spécificité française. Entre les deux, l’Université elle-même constitue un espace très hiérarchisé et genré selon les disciplines. Pierre Bourdieu avait montré, dans son livre
Homo Academicus, comment les disciplines les plus « théoriques » (mathématiques en sciences ou philosophie en lettres) accueillaient plutôt des étudiants d’origine favorisée, tandis que les disciplines les plus « empiriques » (géologie ou géographie) des étudiants d’origine populaire.
Qu’en est-il aujourd’hui ? La communication se propose de donner une représentation précise de cette hiérarchie sociale, sexuelle et scolaire des filières et disciplines d’enseignement supérieur, à partir d’une analyse des choix d’orientation opérés à l’entrée. Comment les choix d’orientation (variable dépendante) se différencient-ils selon le genre, l’origine sociale et le niveau de réalisation scolaire dans l’enseignement secondaire (variables explicatives) ? En outre, l’analyse de l’évolution de ces choix sur moyenne période, de 1995 à 2008, permettra de voir si ces inégalités d’accès à l’enseignement supérieur tendent à se réduire ou à s’accentuer avec le temps. La communication repose sur l’exploitation statistique du fichier individuel des choix opérés par les étudiants, dans une région française, l’académie de Lille, qui compte environ 25 000 premières inscriptions dans l’enseignement supérieur chaque année.